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Leur rigueur contre Fauste étoit peu légitime,
Sa vertu suffisoit pour la croire sans crime,
Et pour en voir soudain le soupçon rejeté,
Mon cœur n’avoit besoin d’aucune autre clarté.

constance.

L’attentat est si noir, qu’avec trop d’injustice
Du coup qui vous perdoit vous la croyiez complice.
Mais je ne vous dis pas, Seigneur, ce que je crains,
Voyant que Martian n’est plus entre vos mains.
On l’a fait évader, et sa fuite m’étonne ;
Un Traître qui se cache en veut à la Couronne,
Et connu de lui seul, quoi qu’il veuille tenter,
Ne l’en pouvant convaincre il est à redouter.

constantin.

Sa fuite n’a pas eu le succès que l’on pense,
Et s’il peut mériter encor quelque croyance,
L’ingrat Maximian doit seul être accusé
Du forfait qu’à Licine il avoit supposé.
Le perfide alarmé du rapport de Sévère,
Pour le faire évader s’est servi de Valère,
Qui craignant d’avoir part à ses lâches desseins,
Me l’a secrètement remis entre les mains.
Maximian l’ignore, et le bruit de sa fuite
L’autorisant toujours à la même conduite,
De ses déguisements le but mystérieux,
Après ce que je sais, se découvrira mieux.

constance.

Et Martian ?

constantin.

D’abord il a voulu se taire,
Mais resté sans secours, et trahi par Valère,
Dans l’effroi des tourments qui l’auroient fait parler,
Il s’est vu hors d’état de plus dissimuler.
Avec tant de fureur Maximian conspire,
Que dans l’avidité de reprendre l’Empire,
La nuit favorisant ce qu’il veut hasarder,
Jusque dans mon lit même il doit me poignarder.