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ACTE V



Scène première

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Constantin, Constance.

constantin.

Quoi, ma Sœur, c’est par vous que sa prison ouverte…

constance.

Seigneur, je vous voyois au point de votre perte.
Déjà des Révoltés l’aveugle emportement
Assiégeant le Palais s’expliquoit fièrement,
Tout le Peuple poussé d’un zèle téméraire
Demandoit à hauts cris et Licine et Sévère,
Et sans aucun respect pour le nom d’Empereur
Sembloit jusque sur vous étendre sa fureur.
Dans un mal violent à qui tout secours cède,
Souvent tout hasarder en est le seul remède,
Et c’est par là, Seigneur, qu’un mouvement secret
A su m’autoriser à tout ce que j’ai fait.
J’ai délivré Licine, et l’arrêt qu’il peut craindre
À quitter sa prison n’auroit pu le contraindre,
S’il n’eût vu que lui seul avoit droit d’apaiser
De lâches Factieux qui pouvoient tout oser.
Vous en voyez l’effet ; par sa seule présence
Il a calmé soudain leur plus fière insolence,
Et si dans ce qu’elle ose il leur doit quelque appui,
Je le connois assez pour répondre de lui.

constantin.

Je n’en suis point en peine, et ce qui m’inquiète
C’est le secret remords où la raison me jette.
J’aime, et l’Amour enfin éclairant ma fureur,
De mes jaloux transports me découvre l’erreur.