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Ce titre de ma haine auroit dû le défendre,
Mais il est Empereur aussi bien que mon gendre,
Et l’inquiète ardeur dont je me sens brûler
Ne l’a fait votre époux que pour me l’immoler.

fauste.

S’il n’est point de fureur qu’un nom si doux n’éteigne,
Sur quel crime assez grand…

maximian.

Il est au trône, il règne,
Et dans l’abaissement du rang où je me vois,
Quiconque est au-dessus est coupable vers moi

fauste.

Peut-il l’être vers vous d’un Trône héréditaire ?
Votre place à remplir y fit monter son père,
Et lors que la vertu vous l’a fait dédaigner,
Est-ce un crime pour lui que le droit de régner ?

maximian.

Si des projets si bas surprirent ma foiblesse,
À m’en faire raison ma gloire s’intéresse,
Et pour les réparer dans l’éclat qu’ils ont eu,
Je dois un crime illustre à ma lâche vertu.

fauste.

Quoi ! Réduite aux devoirs et de Fille et de Femme,
Ce déplorable état…

maximian.

C’est perdre temps, Madame,
Les larmes dans vos maux sont un foible secours,
Et le Trône vaut bien les forfaits où je cours.

fauste.

Et bien, père cruel, il faut être cruelle,
Votre infidélité me va rendre infidèle,
Et contre la Nature un juste désespoir
Fait déjà dans mon cœur révolter mon devoir.
Pour sauver mon époux, j’accuserai mon père,
Et…

maximian.

Vous craindrai-je plus que je n’ai fait Sévère ?