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Et ne peut refuser de prêter quelque appui
Aux indignes complots qu’on a formés sans lui ;
Mais ce que ma douleur à punir s’intéresse,
C’est qu’il m’est lâchement volé votre tendresse,
Et que de mon amour osant braver l’ardeur,
Quand j’obtiens votre main, il garde votre cœur.
C’est là ce qui vers moi noircit son innocence,
C’est le seul attentat dont je me dois vengeance,
Et pour voir jusqu’au bout ma haine s’enflammer,
Le crime est assez grand de s’être fait aimer.
Qu’on le tienne en lieu sûr. Dans un sort si funeste,
Seigneur, c’est à vous seul de disposer du reste.
Pour moi, quelques ennuis où mon cœur soit plongé,
Si Sévère est puni, je suis assez vengé.


Scène V

.
Maximian, Fauste.

fauste.

Ah, Seigneur, si jamais la pitié sur votre âme,
Par un juste pouvoir…

maximian.

Nous sommes seuls, Madame,
Et pour vous épargner des efforts superflus,
Je veux bien avec vous m’expliquer là-dessus.
C’est par mon ordre seul que Martian conspire,
La mort de Constantin me doit rendre l’Empire,
Et mon cœur insensible à toutes vos douleurs
Verra couler son sang de même que vos pleurs.

fauste.

Quoi ? L’aveugle transport que vous prenez pour guide
L’emporte sur l’horreur d’un si noir parricide,
Et par lui votre cœur au crime abandonné
N’épargne point l’époux que vous m’avez donné ?

maximian.