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maximian.

Ah, puisque ce devoir étoit inébranlable,
Tu devois m’accuser quand tu me sus coupable,
Et ne t’exposer pas à te voir condamné
Par le honteux silence où tu t’es obstiné.
La gloire de Licine indignement ternie
Demandoit ton secours contre la calomnie ;
Mais à ta lâcheté mon déplaisir consent,
Je suis seul criminel, Licine est innocent.
Je ne demande point qu’à force de supplices
On tire un juste arrêt de l’aveu des Complices ;
Loin de vouloir par eux justifier ma foi,
Je t’offre dans ma Fille un témoin contre moi.
Il est temps qu’elle parle, et qu’aidant l’imposture
Ce nouveau parricide accable la Nature,
Le sang contre l’Amour s’explique vainement,
Et ce n’est rien qu’un père, où l’on sauve un amant.

fauste.

Dans les cruels soupçons que mon malheur m’attire,
Après ce que j’ai dit je n’ai plus rien à dire.
C’est à l’Empereur seul à bien examiner
Ce qu’il doit d’absoudre, ou droit de condamner ;
Ou plutôt, le péril étant toujours extrême,
Il doit pour s’en sauver ne croire que soi-même
Se défier sans cesse, et pour sa sûreté
Voir et craindre partout de l’infidélité.

constantin.

Hélas ! Pour mon repos ainsi que pour ma gloire
Je ne connois que trop ce qu’il faut craindre et croire,
Et d’un feu criminel l’espoir trop écouté,
Pour voir tous mes malheurs m’offre assez de clarté,
Il périra, le Traître, et ma rage secrète
Du moins par son trépas se verra satisfaite ;
Non que dans l’attentat il puisse être accusé
Que d’avoir su le crime, et l’avoir déguisé.
Vous seule avec Licine aviez juré ma perte,
Il trouve à son retour l’occasion offerte,