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sévère.

Seigneur, encor un coup souffrez-moi de me taire,
Et de l’Impératrice épargnant la vertu,
Laissez-moi le pouvoir…

constantin.

Lâche, que dirois-tu ?

maximian.

Seigneur, il faut qu’il parle, et qu’il nous fasse entendre
Jusqu’à quelle fureur le crime a pu s’étendre.
De quoi en l’écoutant nous puissions être instruits,
Je n’ai plus rien à craindre en l’état où je suis.
En vain la vertu seule attira tout mon zèle,
Plus de gloire pour moi quand Fauste est criminelle,
Son forfait dont l’image à mes yeux vient s’offrir…

sévère.

Enfin, Madame, enfin je n’en puis plus souffrir,
Et quelque fort respect qui m’oblige au silence,
C’est trop voir l’injustice opprimer l’innocence.
Seigneur, le Criminel n’a plus à se cacher,
C’est dans Maximian qu’il vous le faut chercher,
Lui seul fait conspirer, et Chef de l’entreprise…

constantin.

Traître, Maximian ?

maximian.

J’avouerai ma surprise,
À ce coup imprévu je ne sais qu’opposer ;
Mais je m’accuserois en voulant m’excuser,
Et ne puis faire mieux, pour confondre l’Envie,
Que laisser ma défense à l’éclat de ma vie.

constantin, à Sévère.

Ah, lâche, c’est donc là cet important secret
Que ta jalouse rage abandonne à regret,
Et d’un crime odieux que l’enfer te suggère,
Tu crois sauver la Fille en accusant le père ?