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Mais quoi que l’un et l’autre en soit moins innocent,
C’est un crime louable où la vertu consent.
Dans les divers malheurs où le destin m’engage
Il ne m’est pas permis d’en dire davantage.
Des Conjurés saisis le dangereux appas
Découvre l’entreprise, et ne la détruit pas.
Vous voyez de nouveau le péril où vous êtes,
Appréhendez partout des pratiques secrètes,
Et pour conseil utile en de si lâches coups,
Si vous les voulez fuir, n’en prenez que de vous.

constantin.

Ah, que de ce conseil j’ai sujet de me plaindre !
Pour confondre mes soins il m’oblige à tout craindre,
Et le péril partout qu’il m’offre à redouter,
Force mon désespoir de m’y précipiter.
Vous serez satisfaite, et puisqu’à votre crime
La vertu peut prêter un appui légitime,
De mes jours odieux le sacrifice offert
Rendra le coup facile à la main qui me perd.
Vous aurez la douceur d’immoler à Sévère
Cet époux qu’à sa flamme il trouva si contraire,
Et malgré les transports de mon juste courroux
J’ai pour vous trop d’amour pour me garder de vous ;
Mais quoi que de vos vœux je me rende complice,
J’empêcherai du moins que l’ingrat n’en jouisse,
Et si ma mort a droit d’adoucir vos malheurs,
La sienne auparavant vous coûtera des pleurs.

fauste.

J’aurai lieu d’en donner au malheur qui l’accable
Puisque c’est malgré lui qu’il s’est rendu coupable,
Et qu’à mes intérêts s’osant sacrifier…

maximian.

Cherchez, cherchez, Madame, à le justifier,
Et quelque affront par là qui sur mon sang s’imprime,
Pour le faire innocent chargez-vous de son crime.
L’horreur du fol amour dont vos sens sont blessés
Sans ce honteux aveu n’éclate pas assez,
Il faut par une audace, et lâche, et téméraire…