Oui, tu mourras, perfide, et ta lâche complice
Dans ta peine du moins trouvera son supplice,
Et puisque mon amour par un tendre intérêt…
Ah, contre elle, Seigneur, suspendez votre arrêt.
Quoi que vous fasse croire une indigne apparence,
Jamais tant de vertu ne soutint l’innocence,
Et j’atteste les Dieux…
Cesse de t’obstiner,
Si tu n’as pour témoins que les Dieux à donner.
Tes serments dont l’audace attire encor leur foudre,
Quand ta main te convainc, te peuvent-ils absoudre,
Et crois-tu que le Ciel voulut favoriser…
Quoi, vous-même, Seigneur, vous pouvez l’accuser,
Vous à qui sa vertu par des clartés secrètes
Pour montrer ce qu’elle est, offre ce que vous êtes,
Et pour braver un sort de sa gloire jaloux
Prend pour elle en vous-même un témoin contre vous ?
J’en aurois cru ce sang, qu’avant un coup si lâche
J’avois pris tant de soin de conserver sans tache ;
Mais contre un fol amour que rien n’a pu bannir
Il n’est point de vertu qu’il puisse soutenir.
Sous l’horreur surprenante où l’attentat me jette,
La Nature étouffée a droit d’être muette,
Et saisi tout à coup et de trouble et d’effroi,
Je n’entends qu’une voix qui parle contre toi.
C’est lui, Seigneur, c’est lui dont l’ardeur criminelle
Force l’Impératrice à vous être infidèle,
Il m’en coûte ma gloire, et pour venger mon rang…
Et bien, à cette gloire abandonnez mon sang,
