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Ses refus ont si loin porté ma défiance,
Qu’à la prière enfin j’ai joint la violence.
On va vous l’amener afin que sa fureur
Vous oblige avec moi d’en partager l’horreur.

maximian.

Dans l’affreux désespoir où me plonge son crime,
Pardonnez le désordre où ma raison s’abîme.
Quoi qu’à votre péril le mien fût attaché,
Jusqu’ici l’attentat ne m’avoit point touché ;
J’estime peu la vie, et la main qui conspire
M’assuroit par la mort le repos où j’aspire ;
Mais voir que sur le Trône après m’être vaincu
J’aie à ma gloire encor malgré moi survécu,
Tout mon sang que noircit un si honteux outrage
En frémit de colère, en bouillonne de rage,
Et dans l’accablement de mes tristes ennuis,
Je me pers, je m’égare, et ne sais qui je suis.

constantin.

Ah, si vous l’ignorez, puis-je encor me connoître ?
L’Amour de tous mes vœux s’est rendu le seul Maître,
Je ne vis que pour Fauste, et la soif de mon sang
Est le prix du beau feu qui l’élève à mon rang.

sévère.

Et vous pouvez souffrir qu’une aveugle injustice
Étende sa rigueur jusqu’à l’Impératrice ?
Par sa haute vertu vos soupçons repoussés
N’ont rien…

constantin.

Quoi, ce Billet ne m’en dit pas assez,
Traître, et ton fol espoir veut que je me déguise
Qu’ainsi qu’elle avant moi tu savois l’entreprise ?

sévère.

Non, si de ce forfait mon sang vous doit raison,
Condamnez, punissez, j’ai su la trahison ;
Mais quoique la rigueur de vos dures maximes
De mes tristes malheurs me fasse autant de crimes,
Le favorable arrêt qui saura les finir,
Par la mort que j’attends n’aura rien à punir.