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Scène III

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Constantin, Maximian, Sévère, Suite.

constantin.

Ah, Seigneur, que de maux le Destin nous apprête,
Et qu’on m’eût épargné de peines à souffrir
Si sans me rien apprendre on m’eût laissé périr !
Vous ne conceviez point sur quels secrets indices
Fauste me détournoit d’entendre les Complices,
Et malgré vos conseils m’a forcé d’ordonner
Qu’un autre prît le soin de les examiner.
Elle vous l’a remis, et n’a pas craint qu’un père
Par l’intérêt du sang refusât de se taire,
Et pour sa gloire au moins n’aidât à déguiser
Ce que les Conjurés auroient pu déposer.

maximian.

Que dites-vous, Seigneur ?

constantin.

Que la rage et l’envie
Par son seul ordre, hélas attentent sur ma vie,
Et que d’un premier feu le souvenir trop doux
Lui fait tremper les mains dans le sang d’un époux.

maximian.

Ah, Seigneur, de ma Fille épargnez l’innocence.
Je vous l’ai déjà dit, ce sentiment m’offense,
Et quoi que l’imposture ait oser publier,
Le sang dont elle sort la doit justifier.

constantin.

Il le devroit, mais las !

sévère.

Quoi, Seigneur, il peut être
Que d’aveugles soupçons tombent…