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Les armes qu’en secret je leur faisois donner
N’avoient rien contre moi que l’on pût soupçonner,
Et lorsqu’en l’abordant, l’ardeur qui les anime
Eût cherché dans son sang le pardon de leur crime,
Par ce hardi projet maîtres de tout l’État,
Nous n’aurions pas eu de peine à cacher l’attentat.

sévère.

Craignez de trop céder à l’espoir qui vous flatte,
Quand le secours du Ciel pour l’Empereur éclate.
Le coup que de sa tête il aime à détourner,
Est peut-être un avis de tout abandonner,
Et quoi qu’un plein pouvoir que lui-même autorise,
Vous laisse en liberté d’étouffer l’entreprise,
Redoutez un projet dont le succès douteux,
S’il tourne contre vous, n’a rien que de honteux.

maximian.

Et soumis au destin dont la rigueur me brave,
Tu ne crois point de honte à demeurer esclave,
À craindre le pouvoir qu’il m’a plu de céder,
Et me voir obéir où j’ai pu commander ?
Non, non, plutôt sur moi tombe cent fois la foudre,
Qu’on m’oblige à changer ce que j’osai résoudre.
J’arracherois ce cœur s’il s’étoit démenti ;
C’est assez qu’une fois je me sois repenti,
Il m’en coûte l’Empire, et si pour le reprendre
Du seul secours du crime il nous faut tout attendre,
La gloire du succès que je prends pour objet,
Aura droit d’effacer la honte du projet.
Ainsi, quelques périls où j’expose ma tête…