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Scène II

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Maximian, Sévère.

maximian.

Viens, il faut de nouveau résoudre l’entreprise.
La prison de Licine en vain la favorise,
En vain par cet obstacle à nos desseins ôté,
D’un sûr et prompt succès mon espoir s’est flatté ;
Toujours l’Impératrice à cet espoir contraire
Détruit par ses conseils tout ce que je crois faire,
Et n’agiroit pas mieux si dans ce qu’on résout,
Pour en rompre l’effet on l’instruisoit de tout.
D’ailleurs de Constantin le procédé m’étonne ;
Par cent jaloux transports sans cesse il s’abandonne,
Il croit qu’avecque vous Fauste toujours d’accord
Pour vous garder sa foi fait des vœux pour sa mort,
Et lorsqu’à ce soupçon son trop d’amour le livre,
Quoi qu’elle lui conseille, il se plaît à le suivre.
C’est ses seuls avis que sans y rien changer
De la Garde suspecte il brave le danger,
En vain les Conjurés lui veulent tout apprendre,
Elle ne peut souffrir qu’il songe à les entendre,
Et rompt ce que par eux, les faisant écouter,
Nous pouvions être sûrs de voir exécuter.

sévère.

Cet obstacle, Seigneur a droit de vous surprendre,
Mais vous teniez trop sûr ce moyen d’entreprendre,
Le coup précipité m’en sembloit hasardeux.

maximian.

Non, non, il n’offroit rien à craindre que pour eux,
Et si leur mort sur l’heure eût terminé leur peine,
Celle de l’Empereur étoit toujours certaine.