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J’ai pour lui de l’estime, et je l’ai fait paroître ;
Mais l’éclat de sa gloire est ce qui la fit naître,
Il la surprit par elle, et s’il l’a pu ternir,
C’est un double attentat dont il le faut punir.
Ainsi pour vous, pour moi, soyez juge sévère,
Point de grâce pour lui s’il osa trop me plaire,
Et si d’un faux brillant les indignes appas
Lui gagnèrent un prix qu’il ne méritoit pas.

maximian.

Jusqu’à cette rigueur contre lui vous contraindre ?

constance.

À dire vrai, Seigneur, je n’ai pas tout à craindre,
L’attentat m’est suspect, et pour votre intérêt
Du lâche Martian il faut presse l’arrêt.
Si de l’auteur du crime il a seul connoissance,
La vertu de Licine en prouve l’innocence,
Et tout ce qu’il a fait semble être un sûr garant
Du peu qu’il a de part dans ce qu’on entreprend.
Son nom qui n’est connu d’aucun autre complice
Sous un si grand secret cache quelque artifice ;
Et si Martian parle, afin de moins douter,
C’est dans les seuls tourments qu’il le faut écouter.
Comme la vérité par là se peut connoître,
J’ai pressé l’Empereur de condamner ce Traître,
Il vous en laisse arbitre, et dans ce plein pouvoir,
Punissant Martian, vous pourrez tout savoir.

maximian.

Il est juste, et dans peu par les plus rudes gênes
On m’en verra tirer des lumières certaines.
Je craignois pour Licine à trop examiner,
Mais s’il est innocent, qui peut-on soupçonner ?

constance.

Seigneur, une belle âme incapable de crime
Ne croit former jamais de soupçon légitime,
Et le mien ne sachant où pouvoir s’arrêter ;
Vous laisse là-dessus Sévère à consulter.