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Vous avez vu Sévère, et dans l’appas flatteur
Où cette chère vue entretient votre cœur,
D’autres présumeroient qu’à lui seul attachée,
Le malheur de ma mort vous auroit peu touchée,
Et que ce feu secret qu’on ne peut ébranler,
Eût trouvé les moyens de vous en consoler ;
Mais…

maximian.

Contre elle, Seigneur, trop d’aigreur vous engage,
Au sang dont elle sort ce soupçon fait outrage,
Et d’un feu criminel lui reprocher l’ardeur,
C’est jusque dans sa source en souiller la splendeur.

constantin.

En l’état où je suis je ne sais que vous dire.
Dans mes honteux soupçons moi-même je m’admire,
Mais à les repousser je fais un vain effort,
Tout mon cœur s’abandonne à mon jaloux transport,
Et dans les sentiments qui viennent me surprendre,
Je vois mon injustice, et ne puis m’en défendre.
Aussi pour m’en punir, ma vie est en danger,
On conspire, on me hait, je veux tout négliger.
Prenez soin de la vôtre, et puisqu’on vous menace,
Seigneur, à votre choix, faites justice ou grâce,
Punissez, pardonnez, je n’examine rien.

maximian.

Non, non, votre intérêt l’emporte sur le mien,
Et comme tout l’État en vous seul se hasarde,
Le soin le plus pressant c’est de changer la garde.
Licine l’a choisie, et sa lâche fureur…

fauste.

Seigneur, je prendrai soin des jours de l’Empereur,
J’en connois le péril.

constantin.

Ordonnez-en, Madame,
Votre Empire est toujours absolu sur mon âme,