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Scène VI

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Constantin, Maximian, Fauste.

constantin.

Madame, on ne peut trop s’étonner de leur crime ;
Mais à l’examiner, ce qui plus me surprend,
C’est que vous le voyiez d’un œil indifférent.
Il semble qu’insensible au coup qui me menace
De Licine en secret vous plaigniez la disgrâce.
J’observe votre trouble, il m’accable, et j’y vois
Plus de pitié pour lui que de crainte pour moi.

fauste.

Seigneur, il m’est bien dur que ma foi soupçonnée
Redouble les malheurs où je suis destinée.
Mon silence, il est vrai, renferme dans mon cœur
Ce que leur triste excès a pour moi de rigueur ;
Mais dans un mal qui porte et l’horreur et la crainte,
Qui sait bien s’expliquer en ressent peu l’atteinte ;
Et peut-être jamais de si pressants ennuis
N’avoient autorisé le désordre où je suis.

constantin.

Ah, si j’étois aimé vous n’auriez pu vous taire ;
Le crime eût contre un lâche armé votre colère,
Et du traître Licine apprenant l’attentat,
Pleine d’un vif transport, vous auriez fait éclat.
Depuis le triste jour que mon amour extrême
Vous a par mon hymen fait part du Diadème,
Toujours d’un noir chagrin votre esprit obsédé
M’a fait voir la contrainte où vous avez cédé,
La rigueur du devoir éteignoit une flamme
Q’un funeste retour rallume dans votre âme,