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Par mon ordre, un des miens doit l’observer sans cesse ;
Mais Licine d’ailleurs adore la Princesse,
Et ce qu’en son pouvoir son feu trouve d’appui,
Nous montre en sa fureur tout à craindre de lui.
Du Palais à son gré c’est lui seul qui dispose,
La Garde aveuglément suit les lois qu’il impose,
Et jaloux d’un espoir qu’on le force à quitter,
Quoi qu’il veuille entreprendre, il peut l’exécuter.
Je ne déguise point que ce péril m’étonne,
J’estime l’Empereur, et crains pour sa personne,
Et la Garde changée est l’unique secours
Qui nous puisse aujourd’hui répondre de ses jours.
C’est ce qu’il faut de lui que vos conseils obtiennent,
Tous périls sont légers pour ceux qui les préviennent,
Et dans le moindre lieu de craindre un attentat,
Le trop de confiance est un crime d’État.

fauste.

Je sais que pour me mettre à couvert de ces crimes
Je ne puis faire mieux que suivre vos maximes,
Et que l’essai du Trône a su vous enseigner
Tout ce qu’a de plus sûr le grand art de régner.
Aussi, comme il n’est rien qu’après vous j’examine,
Je veux bien me contraindre à soupçonner Licine,
Mais afin que l’affront l’en fasse moins rougir,
C’est sans aucun éclat que je prétends agir.
Pour avoir sûreté que rien ne se hasarde,
Je ferai qu’en secret on observe la Garde,
Et vois trop quels périls s’offrent à redouter
Pour laisser les moyens de rien exécuter.

maximian.

Mais malgré tous vos soins, si la Garde est la même,
L’Empereur est toujours dans un péril extrême,
Et ceux dont vous aurez le zèle pour appui,
Sans empêcher sa mort périront avec lui.
Non, non, jamais l’éclat ne fut plus nécessaire,
Licine est trop suspect pour songer à le taire,
Le voici, remarquez comme tout interdit
Dans ses transports secrets lui-même il se trahit.