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Scène II

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Maximian, Fauste, Sévère.

maximian.

Quoi, Sévère prend soin d’éviter mon abord,
Il me fuit, et pour lui ma vue est un supplice !

sévère.

Ma présence, Seigneur, blesse l’Impératrice,
Et voyant ce qu’elle est, je sais trop mon devoir
Pour la vouloir contraindre à l’ennui de me voir.

Sévère sort.

maximian.

Quelque austère vertu dont la rigueur vous porte
À traiter aujourd’hui Sévère de la sorte,
Madame, vous pourriez par maxime d’État
À sa dure fierté permettre moins d’éclat.
La douleur de vous perdre excite assez sa rage
Sans l’irriter encor par un nouvel outrage.
Il est des Mécontents, vous le poussez à bout,
Et qui n’espère rien est capable de tout.

fauste.

Ah, Seigneur, jugez mieux de ce qu’il en faut croire,
Soupçonnez sa douleur, mais épargnez sa gloire,
Et quelque désespoir dont il soit combattu,
Craignez-le pour sa vie, et non pour sa vertu.

maximian.

J’en craindrois moins l’effet si l’hymen de Constance
Lui souffroit d’en calmer la juste violence,
Mais pour comble de maux, je vois que l’Empereur
S’attache obstinément à lui donner sa Sœur.
Sa rage impatiente en va jusqu’à l’extrême,
Et dans l’âpre douleur de perdre ce qu’il aime,
C’est engager sa flamme aux derniers attentats
Que vouloir l’asservir à ce qu’il n’aime pas.