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La mort qu’à l’Empereur la trahison apprête,
Faisoit cesser l’horreur de vous voir sa conquête,
Et me vengeoit bien mieux que le pressant ennui
D’avoir à vous résoudre, ou pour, ou contre lui ;
Mais j’aurois trop par là racheté ma disgrâce,
Et vous n’eussiez rien su du coup qui le menace,
Si prêt à faire éclat, j’eusse pu l’arrêter,
Sans exposer un sang que je dois respecter.
C’est la source du vôtre, et pour me voir sans peine
Vous épargner un choix dont la rigueur vous gêne,
Vous n’avez qu’à souffrir que j’ose me cacher
Ce qu’exige de vous un intérêt si cher.

fauste.

Non, si mes tristes vœux n’osent rien se permettre,
Ce choix n’est pas un droit qu’ils puissent vous remettre.
C’est à moi d’essayer si j’aurai le pouvoir
D’accorder la nature avecque mon devoir.
Pour sortir de l’horreur où mon esprit s’abîme,
Détournons le péril sans découvrir le crime.
Quelque pressante ardeur qui force d’attenter,
On n’entreprendra rien sans vous en consulter,
Et d’un si noir complot par vous toujours instruite,
Je ne perds pas l’espoir d’en prévenir la suite.
Mon cœur aux droits du sang doit garder ce respect ;
Mais ne me parlez plus de peur d’être suspect.
À moins que l’avis presse, et qu’il soit d’importance,
Un billet suffira pour notre intelligence.
Voyez, observez tout, et si les Conjurés
À faire un prompt éclat se trouvent préparés,
Alors contre le coup que leur rage médite…

sévère.

Maximian paroît, souffrez que je vous quitte,
Vos ordres que j’attends en régleront le sort.