Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/222

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III



Scène première

.
Fauste, Sévère.

fauste.

Non, c’est vous abuser que de l’oser prétendre,
Il n’est rien que de vous je puisse encor entendre,
Et dans l’étroit scrupule où m’engage ma foi,
Un second entretien est un crime pour moi.

sévère.

Quoi, vous jugez si mal de l’ardeur qui m’anime,
Qu’elle puisse à vos yeux offrir l’ombre d’un crime,
Si ce scrupule a droit de vous inquiéter,
Pour en sortir, Madame, il me faut écouter.
Je ne viens point surprendre un reste de tendresse
Qu’à vous faire étouffer le devoir s’intéresse.
Je viens aux dures lois de cet affreux devoir
Immoler ce qu’on cherche à me rendre d’espoir ;
Trop content, si je puis vous faire assez connoître,
Que n’étant point heureux j’étois digne de l’être,
Et que dans ce grand cœur trop justement charmé
Jamais un si beau feu ne s’étoit allumé.

fauste.

Ah ! Si ce charme a fait le bonheur de ma vie,
C’est là ce qu’aujourd’hui l’honneur veut que j’oublie.
Autrefois, je l’avoue, il eût pu m’être doux,
Mais devant tout mon cœur à l’amour d’un époux…

sévère.

Je sais qu’à l’Empereur les droits de l’hyménée
En acquièrent la part que vous m’aviez donnée,