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Scène V

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Constance, Sévère, Lucie.

constance.

J’aspirois à vous voir, Sévère, et ce mérite
Dont le brillant éclat pour vous me sollicite,
M’oblige à prendre part aux surprenants exploits
Qui du Trône aujourd’hui vous acquièrent les droits.
Pour payer ce qu’on doit à votre grand courage,
L’Empereur avec vous en résout le partage.
Il fait plus, et c’est peu que de vous couronner,
Si ma main n’est un prix qu’il me force à donner.
J’obéirai sans doute, et quoi qu’il en arrive,
Mon fier devoir tiendra ma volonté captive ;
Mais s’il faut, pour répondre à cet ordre inhumain,
Joindre le don du cœur à celui de la main,
Comme je me connois hors d’état de le faire,
Je vous estime trop pour vouloir vous le taire.
C’est à vous là-dessus à régler vos desseins,
Mon bonheur, mon repos, tout est entre vos mains.
Peut-être qu’il seroit d’une âme magnanime
De ne pas abuser d’un devoir qui m’opprime ;
Mais vous vous connoissez, et jamais on eut droit
D’exciter un grand cœur à faire ce qu’il doit.

sévère.

Madame…

constance.

Adieu, c’est trop, Maximian s’avance.
Je vous ai répondu de mon obéissance,
Et sûr à votre choix du nom de mon époux,
Vous m’apprendrez vous-même à bien juger de vous.