Mais si par la raison il se laisse éclairer,
Vous n’aurez pas longtemps sujet de murmurer.
Voyez ce que je suis, et ce que l’on m’ordonne ;
Au choix qu’on me prescrit ma gloire m’abandonne,
Contre vous, contre moi, tout conspire à s’armer.
Dans ces extrémités que puis-je faire ?
Aimer.
Que sans cesse on oppose obstacles sur obstacles,
L’Amour pour les braver est fertile en miracles,
Des plus rudes assauts sans peine il vient à bout,
Et pourvu que l’on aime, on triomphe de tout.
Quoi que vous en croyiez, tout ce que je puis faire
C’est d’oser expliquer ma contrainte à Sévère,
D’obtenir son refus pour prétexte du mien ;
Mais après cet effort ne me demandez rien.
Quoi, si l’ambition l’oblige à se défendre
De céder à ma foi ce qu’elle osoit attendre,
Cette fière vertu que vous mettez au jour,
Fera de votre cœur le prix de son amour ?
Jugez-en par mon rang qui vous force à le croire ;
Plus il est élevé, plus je dois à ma gloire ;
Et je souffrirai moins à le laisser agir,
Qu’à jouir d’un bonheur dont j’aurois à rougir.
Ainsi vous l’aimerez si le devoir l’ordonne ?
À quels cruels tourments cet aveu m’abandonne !
Ce seroit donc trop peu pour remplir ce devoir
Que vous fissiez alors effort à le vouloir :
Il faut pousser plus loin votre rigueur extrême,
Et pour lui contre moi répondre de vous-même.
Non, non, n’opposez plus à mon ennui secret
Le charme injurieux de me perdre à regret.
Quand la vertu demande un si dur sacrifice,
On peut bien souhaiter que le cœur obéisse,