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constance.

Quel remède, Lucie, et qu’il a d’amertume
Quand l’amour est un feu que le mérite allume,
Et que le cœur atteint d’un si charmant poison
Obtient pour lui céder l’appui de la raison !
Non qu’enfin la vertu n’en soit toujours maîtresse,
Mais quand à l’étouffer le devoir l’intéresse,
C’est un combat affreux dont la triste rigueur
Du malheur du vaincu fait gémir le vainqueur.
Timide à triompher, puni par sa victoire,
Il soupire du coup qui l’immole à sa gloire,
Et Tyran malgré lui de ses plus chers souhaits,
S’il osoit ne pas vaincre, il ne vaincroit jamais

lucie.

J’ose encor me flatter d’un succès plus propice,
S’il est vrai que Sévère aime l’Impératrice ;
L’Empereur s’en alarme, et sur un tel souci,
S’armant contre Licine, on dit… Mais le voici.


Scène IV

.
Constance, Licine, Lucie.

licine.

Dans l’état déplorable où me réduit l’envie,
Madame, qu’avez-vous résolu de ma vie ?
Tout conspire à ma perte, et je vois l’Empereur
Du coup le plus cruel me préparer l’horreur ;
Mais quoi que de mon sort puisse ordonner sa haine,
Vous en êtes toujours l’arbitre Souveraine,
Et toute la rigueur des Destins irrités
Ne peut rien contre moi si vous n’y consentez.

constance.

Si pour vous en secret mon cœur toujours propice
Suffit de leur courroux à rompre l’injustice,