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Et le faisant régner où je ne serai pas,
J’empêche… Mais Constance adresse ici ses pas ;
Sachons ses sentiments.


Scène II

.
Constantin, Constance, Maxime, Lucie.

constantin.

Ma Sœur, j’ai peine à croire
Un bruit sourd que l’envie oppose à votre gloire.
Quand par ce que je dois aux tendresses du sang
Je veux vous élever à l’éclat de mon rang,
J’apprends que vous souffrant un indiscret murmure,
Ces marques de bonté vous tiennent lieu d’injure,
Et que vous dédaignez dans le choix d’un époux
Celui que l’amitié m’a fait faire pour vous.
Sévère aura peut-être assez de déférence
Pour forcer par respect ses désirs au silence,
Mais si trop de fierté tient les vôtres séduits,
Sachant ce que je veux, craignez ce que je puis.

constance.

Ces soins de m’élever à la grandeur suprême
Sont sans doute l’effet d’une tendresse extrême,
Et les profonds respects qui vous marquent ma foi
Ne sauroient m’acquitter de ce que je vous dois ;
Mais de quelque fierté que je sois soupçonnée,
Je réponds mal, Seigneur, au sang dont je suis née
Si je ne tiens le Trône un bonheur imparfoit
Quand la menace est jointe à l’offre qu’on m’en fait.
Quelque éclatant qu’il soit, forcer d’y prendre place,
C’est imposer un joug, et non pas faire grâce,
Et pour m’y donner part, l’hymen qu’on me prescrit
Me l’asservit bien moins qu’il ne m’assujettit.