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ACTE II



Scène première

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Constantin, Maxime.

constantin.

Je l’avois bien prévu, que cette résistance
Venait d’un feu secret qui plaît trop à Constance,
Sans mon ordre en son cœur ce feu s’est allumé,
Et si Licine l’aime, il n’est pas moins aimé ;
Je viens de lui parler, et l’ai trop su connoître.

Maxime.

Sa passion toujours affectoit de paroître,
Mais jusqu’ici, Seigneur, rien n’avoit fait juger
Que pour lui la Princesse eût voulu s’engager,
Et s’il faut qu’en secret Licine ait pu lui plaire,
De l’espoir de sa main on flatte un peu Sévère.
L’Amour soutient longtemps la gloire de son choix.

constantin.

Mais je suis dans le Trône, et j’en connois les droits.

Maxime.

N’en croyez point l’aigreur qui vous parle contre elle
Licine est un Sujet grand, illustre, fidèle,
Et je ne vois enfin Sévère à préférer
Que par l’auguste rang qu’on lui fait espérer…

constantin.

Du titre de César je fais sa récompense ;
Mais sais-tu que pour lui je fais moins qu’on ne pense,
Et que l’éclat du rang où ma faveur le met
De mon ingratitude est le honteux effet ?
Jaloux de la vertu dont le charme l’inspire,
Pour m’ôter un rival je partage l’Empire