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Scène VI

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Fauste, Sévère, Flavie.

fauste.

Quel dessein vous engage à rechercher ma vue ?
Est-ce trop peu pour moi du tourment qui me tue,
Et quand à sa rigueur je n’ai pu m’arracher,
Venez-vous pour m’en plaindre, ou me le reprocher ?

sévère.

Madame, pour commettre une telle injustice,
Je dois trop de respect à mon Impératrice.
Elle est digne du choix qui la rend ce qu’elle est,
Je le suis de la mort dont j’ai reçu l’arrêt,
Et si de mes regards la langueur indiscrète
Lui fait de ma disgrâce une plainte secrète,
Le pressant désespoir qu’ici je viens aigrir
Ne lui laissera pas longtemps à la souffrir.

fauste.

Que Sévère m’offense, et que malgré son zèle
La plainte qu’il étouffe en est une cruelle !
Ne la contraignez point, et pour vous soulager,
Dites que pour un Trône il est beau de changer.
Dites que son éclat m’ayant l’âme charmée,
Votre perte à ce prix ne m’a point alarmée,
Que j’ai couru moi-même à l’infidélité,
Le reproche est bien juste, et j’ai tout mérité.

sévère.

Quand le Ciel vous élève au rang le plus insigne,
Est-ce vous offenser que vous en trouver digne ?
Je l’ai dit, et les Dieux me sont ici témoins
Si j’ai cru que pour vous ils puissent faire moins.
Mais les transports affreux où sans cesse m’expose
Des honneurs qu’on vous rend la déplorable cause,