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Et puis-je expliquer mieux qu’en secret trop charmé,
Si sévère m’aima, Sévère fut aimé ?
Dans l’estime où pour lui je surprenois mon âme,
Maximian mon père autorisa sa flamme,
Et je n’eus pas de peine à céder au pouvoir
Qui d’un penchant si doux me faisoit un devoir.
Ainsi ce pur amour dont j’ai tu la naissance
Éclata sur l’appui de mon obéissance,
Et contrainte à des vœux qui n’osaient s’exprimer,
Je vis avec plaisir qu’on m’ordonnât d’aimer.
Mais las ! Cette douceur me fut bientôt amère,
Quand pour dompter la Gaule on fit choix de Sévère.
Général de l’armée il adore un emploi
Où son bras le rendra moins indigne de moi,
De ma main en partant il reçoit l’assurance.
Vois par là quels malheurs ont suivi son absence.
Constantin à me voir trouve un charme pressant,
Il m’offre place au Trône, et mon père y consent ;
J’oppose en vain ma foi par son ordre donnée,
Son pouvoir me condamne à ce triste hyménée.
J’obéis, il s’achève, on trahit mon amour ;
Cependant aujourd’hui Sévère est de retour,
Et pour comble de maux ma gloire m’intéresse
À conseiller pour lui l’hymen de la Princesse.
Mais Dieux !

flavie.

Il vient ici, Madame, songez bien…

fauste.

Hélas ! Quand on perd tout, peut-on songer à rien ?