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Séduit par ses conseils j’abandonnai l’Empire,
Et quand à leur foiblesse on m’a trop vu souscrire,
Le crime sera beau s’il peut me racheter
La honteuse vertu qui me le fit quitter.
C’est sur ce grand projet, c’est sur cette espérance
Que j’ai de Constantin souhaité l’alliance,
Afin que par ces nœuds mon pouvoir augmenté
M’offrit à l’immoler plus de facilité.
Ne différons donc plus puisqu’il faut entreprendre,
La Couronne est à moi, cherchons à la reprendre,
Et par de grands effets hâtons-nous d’enseigner
Qu’on doit nommer vertu tout ce qui fait régner.

martian.

L’hymen où pour Sévère on veut forcer Constance
Su succès de vos vœux nous donne l’assurance,
Puisque Licine et lui piqués que l’Empereur…

maximian.

Par ce nom odieux redouble ma fureur,
Et pour hâter le coup dont tu vois la menace,
Fais-moi voir, Martian, qu’un autre est en ma place.
Je sais bien qu’aujourd’hui, quoi que j’ose vouloir,
C’est à mes seuls désirs à régler mon pouvoir,
Que par eux, à mon choix, j’ordonne de l’Empire ;
Mais Constantin le souffre, et pourroit s’en dédire,
Et c’est pour un grand cœur une trop dure loi,
De tenir ce qu’il peut d’un autre que de soi.
Il trouve, quoi qu’enfin tout cède à sa puissance,
Je ne sais quelle horreur dans cette dépendance,
Et la plus absolue est pour lui sans appas,
Quand il songe qu’il règne, et peut ne régner pas.
Surtout l’essai du Trône enfle trop un courage
Pour lui laisser souffrir ce honteux esclavage,
Et pour qui l’a su faire, il est injurieux
De ne pas ôter tout pour ne céder qu’aux Dieux.
C’est un affront pour lui d’avoir plus qu’eux à craindre,
Et pour monter au faîte où l’on voudroit atteindre,