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martian.

Quand quelque lâche entre eux se pourroit déguiser,
Vous êtes à couvert de ce qu’il peut oser.
Impatients du Chef que je leur fais attendre,
Leur soupçon jusqu’à vous est bien loin de s’étendre,
Puisque pour l’empêcher j’ai soutenu d’abord
Qu’à notre sûreté nous devions votre mort.
C’est ce qu’à notre Chef on doit laisser résoudre,
Et quand sur Constantin on lancera la foudre,
Vous êtes en pouvoir, après ce vain discours,
De sauver votre gloire en vous cachant toujours ;
Lui mort, la brigue est forte à vous choisir pour Maître.

maximian.

Non, Sévère a moins lieu de se faire connoître,
Et si nos Mécontents par un secret appui
Ont besoin pour agir d’être assuré de lui,
Il faut dans le dessein qui me fait entreprendre
Cacher à d’autres yeux la part qu’il voudra prendre.
Fauste étant le seul prix qui le puisse attirer,
Si le crime est connu, que peut-il espérer ?
Croira-t-il de sa mort que le sachant coupable
L’assassin d’un époux lui soit jamais aimable,
Et si ce doux espoir ne flatte ses souhaits,
Voudra-t-il embrasser d’inutiles forfaits ?
Pour moi qui me cachant hasarde toute chose,
Je ne refuse point d’avouer ce que j’ose.
Tout mon but est le Trône, et pour y parvenir,
Les chemins les plus sûrs me plaisent à tenir.
Ne dis point que l’éclat à ma gloire est contraire,
Ce scrupule n’est bon qu’à quelque âme vulgaire,
Et pour te l’arracher, souviens-toi, Martian,
Qu’en moi, qu’en me servant tu sers Maximian.
Si j’ai de l’Avenir à craindre quelque blâme,
C’est qu’un indigne exemple ait pu trop sur mon âme,
Quand Dioclétien m’inspira le dessein
De quitter comme lui le pouvoir souverain.