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Vous le ferez sans peine, et la secrète rage
Où la perte de Fauste abîme son courage,
D’une douleur si forte arme son désespoir,
Qu’il n’est plus en état d’écouter son devoir.
Aussi pour lui, Seigneur, la disgrâce est cruelle ;
Il aime votre Fille, il se fait aimer d’elle,
Vous approuvez sa flamme, il part, et trouve enfin
Qu’elle est à son retour Femme de Constantin.
Je viens de le quitter comme frappé du foudre,
Il brûle de la voir, et tremble à s’y résoudre,
Et l’amas des lauriers dont il revient couvert,
N’a rien qu’il considère auprès de ce qu’il perd.

maximian.

Prenons donc à nos vœux un temps si favorable,
Pressons adroitement la douleur qui l’accable,
Et l’aigrissons si bien qu’il se laisse flatter
De voir ma Fille à lui s’il ose l’accepter.
Par moi, de son hymen ayant reçu parole,
Montrons-lui qu’en effet c’est son bien qu’on lui vole,
Et que jamais l’Amour n’échauffa son désir,
Si quand il le retrouve il craint de s’en saisir.
Un amant qu’en secret le désespoir anime,
Vient insensiblement sur le penchant du crime,
Ébloui d’un faux jour il aime à s’y placer,
Et pour peu qu’on le pousse, il s’y laisse glisser.

martian.

C’est ce qu’attend Sévère, et puisque l’entreprise
N’est qu’un projet mal sûr à moins qu’il l’autorise,
Ménagez un traité dont l’accord résolu
Vous acquiert sur l’Armée un pouvoir absolu.
Quand à nous seconder vous l’aurez su réduire,
Licine sera moins en état de nous nuire.
Les Conjurés sont prêts, et perdant Constantin,
Aspirent chaque jour à changer de destin.
J’ai peine à retenir l’ardeur qui les emporte.

maximian.

Et toujours cette ardeur est également forte ?