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Et je ne puis, Seigneur, que je ne sois surpris
De voir qu’à tant de gloire on joigne un si haut prix.

maximian.

Cette gloire où pour lui je vois que l’on s’obstine,
A lieu d’être sensible au généreux Licine,
Et si j’en étois crû, l’on verroit aujourd’hui
Un peu moins de distance entre Sévère et lui.
Dans un pareil degré de vertu, de mérite,
Constantin doit à l’un quand vers l’autre il s’acquitte,
Et quoi qu’ait fait Sévère, il est beau de penser
Que qui l’élève trop semble vous abaisser ;
Mais d’un retour brillant de plus d’une victoire,
Le seul rang de César peut consacrer sa gloire ;
Et sans voir que c’est faire un attentat sur vous…

licine.

Non, Seigneur, de ce rang je ne suis point jaloux.
Qu’il coure vers le Trône où son destin l’entraîne,
Qu’on l’y comble d’honneurs, je le verrai sans peine,
Mais pour partage au moins, assuré d’y monter,
Qu’il laisse à mon espoir un cœur à disputer.
J’en dis trop, mais en vain je me fais violence,
Pour pouvoir de mes vœux vous cacher l’arrogance.
Du malheur qui les fuit la douce cruauté
Arrache à mon respect l’aveu de leur fierté ;
De mille attraits divins la Princesse est pourvue,
Sa beauté charme tout, j’ai des yeux, je l’ai vue,
Et dans ce droit pressant qu’elle a de tout charmer,
Puisque j’ai pu la voir il m’a fallu l’aimer.
Non qu’enfin je demande en l’ardeur qui me presse
Que contre elle pour moi l’Empereur s’intéresse.
Qu’il souffre seulement que pour donner sa foi,
Elle n’ait dans ses vœux à consulter que soi ;
La grandeur de son rang est peu digne d’envie
Si sous son fier éclat il la tient asservie,
Et fait dépendre un cœur né pour donner des lois
Du besoin de l’État, et non pas de son choix ;
Daignez-en à ma flamme épargner le supplice,
Vos conseils peuvent tout contre cette injustice,