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Sostrate.

Ah, Phénice,
Vite, à la secourir…

camma.

Tu me fais injustice,
Si la douceur de vivre eut flatté ma raison
J’aurois su prévenir la force du poison,
Laisse agir son pouvoir, le sort ainsi l’ordonne.

Sostrate.

Qu’aux lâchetés du sort ce cœur vous abandonne !
Que mes soins, mes malheurs, tout soit perdu pour moi !

camma.

Je n’ai rien oublié de ce que je te dois,
Mais dans l’état honteux où de peur de te nuire
Par l’hymen d’un tyran il m’a fallu réduire,
Quand j’en ai dans mon cœur le reproche à souffrir
Il n’est point en mon choix de vivre ou de mourir.
C’est à moi d’effacer une tâche si noire,
J’ai racheté ta vie aux dépens de ma gloire,
Et tu dois consentir qu’après ce grand secours
Je rachète ma gloire aux dépens de mes jours.
Vis content, si pour vivre et soulager ta peine
Il te suffit enfin de savoir que ta Reine…
Qu’on m’emporte, je meurs, et mes sens interdits…
On lui aide à marcher pendant qu’elle dit ce dernier vers.

Sostrate.

Ô peu sensible amant ! Elle meurt, et tu vis.
Préviens, lâche, préviens…

sosime

lui retenant la main qu’il porte sur son épée.
Seigneur, qu’allez-vous faire ?

Sostrate.

Que vous sert d’empêcher un coup si nécessaire ?
Pour m’arrêter le bras en de pareils ennuis,
Hélas ! Me sauvez-vous de la rage où je suis ?