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C’est lors que succombant au tourment qui le presse
Il cherche entre nos bras une aide à la foiblesse,
Et quand de tous côtés on appelle au secours,
Voici l’instant fatal qui doit borner mes jours,
À cet ordre éternel c’est en vain qu’on s’oppose,
Je meurs, dit-il, je meurs, n’en cherchez point la cause,
Je la sais, mais bien loin d’en oser murmurer,
Je me trouve en secret contraint de l’adorer.
Le Ciel qui tôt ou tard se découvre équitable
Se plaît à me punir par où je suis coupable,
Et m’avoit bien prédit que malgré tous mes soins
Je recevrois la mort d’où je l’ai cru le moins.
Je la sens qui s’approche, et je mourrois sans peine
Si j’osois me flatter d’obtenir de la Reine…
Là, trop pressé d’un mal qu’il ne peut plus souffrir,
Achevant de parler, il commence à mourir,
Ses soupirs languissants témoignent qu’il expire,
Il nomme encor la Reine, et ne peut plus rien dire,
Il meurt, et sur ce bruit chacun de voix en voix
Élève la Princesse au trône de nos Rois.

camma.

Enfin, Sostrate, enfin, grâce à mon hyménée,
Voici pour mes désirs une illustre journée,
Ma vengeance est remplie, et je meurs sans regret.

Sostrate.

Quoi…

camma.

Dis qu’un trône a su m’éblouir en secret,
Dis qu’il m’a fait trahir une amour sans égale ;
J’avois empoisonné la coupe nuptiale,
Et n’ai donné ma foi que sur le doux espoir
D’en obtenir la mort que j’ai fait recevoir.

Sostrate.

La Reine empoisonnée !

phénice.

Ah, Madame !