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Mais après le succès qu’elle m’offre infaillible
Si l’abus rend toujours votre haine inflexible,
Ce cœur qui ne voit rien de si rude à souffrir
Ne prend plus que de moi les ordres de mourir.


Scène V


camma, sostrate, phénice

camma.

Quoi, le peuple peut-être en veut à ma personne
Et dans ce grand péril Sostrate m’abandonne ?
Arrête, j’ai besoin ici de ton secours.

Sostrate.

Le Destin veut ma mort, il la presse, et j’y cours,
La vouloir retarder dans l’ennui qui m’accable
C’est m’exposer encor à devenir coupable ;
De mes tristes regards l’indiscrète langueur
Vous reproche déjà votre ingrate rigueur,
Le respect aura beau m’opposer ses maximes,
Si je parle après eux je vais faire cent crimes,
Ôtez en le pouvoir à mon juste courroux,
Et me laissez mourir sans me plaindre de vous.

camma.

Que l’on m’approche un siège. Il n’est plus temps, Sostrate,
D’empêcher contre moi que ce courroux n’éclate.
Puisqu’on sait ton amour, plains-toi, condamne-moi,
Dis que l’ambition m’a fait trahir ma foi.
Si pourtant la raison éclairoit ta colère,
Ce que tu viens d’ouïr t’auroit dû satisfaire,
Le sort de Sinorix n’est pas un sort trop doux.

Sostrate.

Madame, il est haï, mais il est votre époux.