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Scène III


Sinorix, camma, sostrate, sosime, phénice

Sinorix.

Madame, savez-vous quelle espérance offerte
Avait poussé Sostrate à résoudre ma perte ?
Son orgueil jusqu’à vous ayant porté ses vœux
S’indignoit d’un hymen qui me rendoit heureux,
Et ma mort…

camma.

Je le sais, mais, Sinorix, écoute,
Il est d’autres secrets dont tu peux être en doute,
Et j’ai quelques clartés acquises par hasard
Dont il est juste enfin que je te fasse part.
Mon hymen, si j’en crois les transports de ta flamme,
Faisoit l’unique bien qui pût toucher ton âme,
Et malgré tes soupirs tant de fois repoussés
Tes vœux de ce côtés viennent d’être exaucés.
Ainsi le Ciel souscrit à quoi que tu prétendes,
Je t’ai donné la main, tu règnes, tu commandes,
Et tu ne vois plus rien dont la possession
Irrite ton amour ou ton ambition ;
Mais quand tout à l’envi répond à ton attente,
Si l’on te voit content, je ne suis pas contente,
Et mon triste devoir toujours inquiété
Me demande raison de ta félicité.
Sinatus ennuyé d’un assez long veuvage
Admira quelque éclat dont brilloit mon visage,
Et d’un second hymen ayant pris le dessein,
Son amour aussitôt m’honora de sa main,
Tu le sais, et qu’il m’eut à peine couronnée
Qu’un fatal accident trancha sa destinée,