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Il est doux d’obliger quand on gagne un Empire.

Sostrate.

Ah, Sosime, c’est trop, souffre que je respire,
Si mes maux sont si grands laisse-moi l’ignorer,
Et ne t’obstine point à me désespérer.
Avec tant de vertu seroit-il bien possible
Qu’aux douceurs d’un faux charme on se rendit sensible,
Et que pour s’assurer un indigne pouvoir
On renonçât à tout, à la gloire, au devoir ?
Non, non, cette pensée est lâche et criminelle,
Je la dois mieux connoître, elle a l’âme trop belle,
C’est moi qui l’ai contrainte à ce funeste effort,
Mais elle est mariée, et je ne suis pas mort.
C’est ici, mes douleurs, que j’implore votre aide,
Peignez-moi bien l’horreur du mal qui me possède,
La Reine est mariée, et pour finir mes jours
Mon désespoir n’attend que ce triste secours.

sosime.

Que dites-vous, Seigneur, et que viens-je d’entendre ?

Sostrate.

Ce qu’au Roi, ce qu’à tous il faut enfin apprendre,
Dans les maux où le Ciel a voulu m’exposer,
Qui n’espère plus rien n’a rien à déguiser.


Scène II


Sinorix, sostrate, sosime

Sinorix.

Tu parois encor, lâche, et quand ta perfidie
Joint ta gloire souillée à l’amitié trahie,
Loin d’éviter mes yeux, je te vois fièrement
Attendre tout l’éclat de mon ressentiment ;