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Scène première.


Sostrate, sosime

Sostrate.

Quoi, d’un si dur revers ma disgrâce est suivie,
Sosime, et malgré moi l’on me laisse la vie ?

sosime.

Seigneur, vous plaignez-vous quand cet illustre effort
Vous épargne l’horreur d’une honteuse mort ?
Sinorix a donné sa vengeance à la Reine,
Mais après ce triomphe obtenu sur sa haine,
Ce qui suit, quoi que juste, étonnant vos désirs
Vous contraindra sans doute à pousser des soupirs.

Sostrate.

Je sais quel coup affreux la Fortune me garde,
La Reine…

sosime.

Ce malheur n’a rien qui la regarde,
C’est à votre amour seul qui s’offre à redouter.
La Princesse tantôt a voulu s’emporter ;
Contre l’ambition d’une Reine infidèle,
Peuple, a-t-elle crié, prendras-tu ma querelle ?
C’est pour la couronner que me manquant de foi
Un tyran a trahi la fille de ton Roi.
Par ces mots pleins d’ardeur allant de place en place
Dans les cœurs les plus froids elle a mis de l’audace,
Et les auroit contraints peut-être d’éclater
Si soudain Sinorix ne l’eut fait arrêter.