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Scène VI


hésione, sostrate

Sostrate.

Madame… Elle nous quitte. Ô cœur impitoyable !
Pouvois-je craindre, hélas ! Un sort plus effroyable ?
Princesse…

hésione.

Va, c’est trop, quitte ce désespoir,
Sostrate, ton amour a bien fait son devoir.
Pour vaincre les malheurs dont je suis poursuivie
Tu m’as aveuglement sacrifié ta vie ;
Si les Dieux ont trahi ton espoir et le mien,
N’en étant point garant, je ne t’impute rien,
Calme ces déplaisirs à qui ta raison cède.

Sostrate.

Ne me consolez point, mes maux sont sans remède,
Et quand le Ciel s’obstine à me pousser à bout,
Madame, c’est à moi de répondre de tout.

hésione.

Si pour t’obtenir grâce après ton entreprise
À l’hymen d’un tyran la Reine s’autorise,
C’est par là que les Dieux peut-être ont résolu
De remettre en mes mains le pouvoir absolu.
Tout le peuple en secret plaignant ma destinée
De Sinorix pour moi souhaite l’hyménée,
Et nous verrons du sang sans doute répandu
S’il voit qu’elle partage un trône qui m’est dû.
Conserve-moi ton zèle, et pour heureux présage
Vois ta Princesse ferme au milieu de l’orage.
Adieu, je vais agir, cependant souviens-toi
Que tu peux, si je règne, espérer tout de moi.
Elle sort et Sosime rentre.