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Scène III


Sinorix, camma, sostrate, phaedime, sosime, phénice, gardes

Sinorix.

Approche, et quoi qu’ait pu ta criminelle audace,
Pour la seconde fois viens recevoir ta grâce.
Ce cœur que rien pour toi ne pouvoit plus toucher,
En faveur de la Reine ose me l’arracher,
Elle est entre ses mains, tu peux l’obtenir d’elle.

camma.

Est-ce me la donner qu’abuser de mon zèle,
Et m’imposer des lois dont le fatal accord,
Ou hasarde ma gloire, ou le livre à la mort ?

Sostrate.

Ah, Madame, il se peut que ce choix vous arrête ?
Mon destin est trop beau pour en être inquiète,
C’est en ternir l’éclat que de me secourir,
Conservez votre gloire, et me laissez mourir.

Sinorix.

Quoi, traître, jusqu’au bout obstiné dans ta rage
L’effet de mes bontés te tiendra lieu d’outrage ?
Ta grâce t’est offerte, il est vrai ; mais apprends
Que c’est contre mes vœux que pour toi je me rends ;
Que tout ce qu’ont d’horreur les plus affreux supplices
Ferait à te punir mes plus chères délices,
Et que j’attacherois leur plus charmant transport
À goûter à longs traits le plaisir de ta mort.
Après un tel aveu fuis tes fières maximes,
Fais encor vanité de voir punir tes crimes,
Aux bontés de la Reine oppose tes refus.

camma.

Quoi, j’aurois fait pour lui des efforts superflus ?