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ACTE IV



Scène première.


camma, phénice

camma.

L’arrêt en est donné ! Que me dis-tu, Phénice ?

phénice.

Qu’on dresse l’appareil d’un funeste supplice,
Et que c’est par sa mort qu’un tyran inhumain
Punit ce fier refus de lui donner la main.

camma.

Quoi, cet ami si cher ne trouve point de grâce ?

phénice.

Enfin l’effet est prêt de suivre la menace.
Jamais tant de fureur ne se peut concevoir
Qu’en tous ses sentiments Sinorix en fait voir.
Indigné de l’orgueil que montre la Princesse,
Il éclate, il foudroie, il s’emporte sans cesse,
Et le rang qu’en son cœur Sostrate a su tenir
Semble augmenter sa rage à le vouloir punir.

camma.

Phénice, il est donc temps que ma vengeance cède,
Qu’au mal que j’ai causé j’oppose le remède,
Et qu’à tant de fureur, ce cœur reconnoissant
Par l’offre du coupable arrache l’innocent.

phénice.

Vous découvrir, Madame ? Ah, que voulez-vous faire ?

camma.

Épargner à Sostrate une mort volontaire,
Et ne permettre pas qu’il expie aujourd’hui
Le crime glorieux qu’il a jeté sur lui.