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Et chercherai sur qui, dans ce noir attentat,
De mon ressentiment doit s’étendre l’éclat,
J’en sais dont en ma Cour l’appui secret vous flatte.

hésione.

Je les éprouve donc plus lâches que Sostrate.
C’est lui seul dont le zèle à mes désirs se rend,
Je m’explique, il est prêt, j’ordonne, il entreprend,
Tu tiens le criminel, je t’offre sa complice.

Sostrate.

Madame, qui vous porte à vous faire injustice,
À vouloir de mon sort partager le courroux ?
J’entreprends, il est vrai, mais ce n’est pas pour vous,
Par mon seul intérêt j’ai dû…

hésione.

Qu’oses-tu dire ?
Je t’ai sollicité, c’est ton bras qui conspire,
Et tu cherches en vain à rejeter sur toi
Les motifs d’un beau coup qui ne sont dûs qu’à moi.

Sostrate.

Mais, Madame…

hésione.

Non, non, c’est m’offenser, Sostrate,
Souffre d’un grand projet que la gloire me flatte.
Où le péril est beau m’empêcher d’y courir,
C’est m’arracher la part que j’en puis acquérir.

Sinorix.

Quoi, généreuse assez pour ne lui pas survivre ?

hésione.

Ne pouvant le sauver, du moins je le dois suivre,
Et n’aurois dans mon sort à me plaindre de rien,
Si te donnant mon sang je conservois le sien.

Sinorix.

Et bien, pour satisfaire à cette noble envie
Je vous mets en pouvoir de lui sauver la vie.
Oui, quoi qu’il ait tenté, je laisse à votre choix
D’empêcher contre lui la rigueur de nos lois.
Sostrate doit périr, tout le veut, tout m’en presse,
Mais je puis épargner l’époux de la Princesse,