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Scène IV


Sinorix, camma, hésione, sostrate, phaedime, sosime, gardes

Sinorix.

Phaedime, aurois-tu cru l’attentat d’un perfide ?

hésione.

Nomme mieux un beau zèle où la gloire préside.
Je sais par quel malheur son projet avorté
L’expose aux fiers transports d’un tyran irrité,
Et viens avec plaisir complice de son crime
Offrir à sa fureur une double victime.
C’est pour moi que son bras dans son indigne sang
Cherchoit à réparer l’outrage de mon rang.
Par moi ce bras armé pour soutenir ma haine
Perdoit l’usurpateur qui détrône sa Reine,
Et d’un illustre effort le généreux éclat
D’un honteux esclavage affranchissoit l’État.
Le Ciel dont contre toi le courroux se déguise
Nous ôte exprès le fruit d’une belle entreprise,
Et pour voir où ta rage arrêtera son cours
De Sostrate ou de moi t’abandonne les jours ;
Ose, et de mon destin prenant droit de résoudre,
De la main qui le lance arrache enfin le foudre,
Et comblant des forfaits qu’on ne peut égaler
Ôte aux Dieux le pouvoir de plus dissimuler.
Je suis prête à souffrir quoique ta rage ordonne,
La plus affreuse mort n’aura rien qui m’étonne,
Et le coup m’en plaira, s’il me peut épargner
L’horreur de te voir maître, où je devrois régner.

Sinorix
,

à Sostrate.
Et bien ? J’ai fait sans doute injure à la Princesse,
Lâche, ton attentat n’a rien qui l’intéresse,