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Nommez ce que le Ciel vient de vous faire voir
Un effet de ma rage, ou de mon désespoir,
Il suffit qu’à punir une action si noire
Vos yeux vous soient garants de ce qu’il en faut croire,
Vous avez leur rapport, prononcez là-dessus,
J’ai parlé, j’ai tout dit, et ne sais rien de plus.

Sinorix.

Quoi ? Garder le silence est ta plus sûre adresse
Pour tâcher de ton crime à sauver la Princesse ?
Va, tu nous tiens en vain ce grand secret caché,
L’arrêt de son exil t’avoit déjà touché,
Et lui contant l’espoir que me souffre la Reine,
Tu n’as pu refuser un forfait à sa haine ?
Tu t’es montré soudain prêt à m’assassiner ?

Sostrate.

Ah, contre-elle, Seigneur, qu’osez-vous soupçonner ?
J’atteste tous les Dieux, et je veux que leur foudre
Tombe à vos yeux sur l’heure et me réduise en poudre,
Si dans ce grand projet qu’a détruit le hasard,
On peut à la Princesse imputer quelque part.
C’est moi seul dont le sang doit laver votre injure.

Sinorix.

Les serments d’un perfide entraînent un parjure,
En vain tu crois par là nous éblouir les yeux,
Qui peut perdre son Roi ne connoît point de Dieux.