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Sinorix.

Vous, Madame, défendre un perfide, un infâme ?

Sostrate.

Non, non, de grâce, non, ne dites rien, Madame,
Et sans vouloir pour moi tenter un vain effort
À toute ma disgrâce abandonnez mon sort.
Tout ce que vous diriez pour garantir ma tête
Me seroit plus cruel que la mort qu’on m’apprête,
Par là mon désespoir se verroit achevé,
Et je mourrois cent fois si vous m’aviez sauvé.

Sinorix.

Par cette lâche ardeur de périr pour son crime,
Admirez contre moi quelle rage l’anime,
Et le charme qu’il trouve à se rendre aujourd’hui
Indigne des bontés que vous auriez pour lui.

camma.

À quoi qu’en son malheur sa fierté le hasarde,
Je ne vous dis plus rien sur ce qui le regarde,
Mais sur vos intérêts, vous devez présumer
Que si son entreprise a pu vous alarmer,
Si d’un effroi secret votre âme embarrassée
Se trouve à quelque trouble indignement forcée,
Ces alarmes, ce trouble, et ces sujets d’effroi
Sont des maux qu’aujourd’hui vous souffrez malgré moi,
Qu’à vous les épargner aussi prompte qu’ardente…

Sinorix.

Ô de bonté pour moi preuve trop obligeante !
Je me tais tout rempli de ce que vous pensez,
Et je ne vous dis rien ne pouvant dire assez.
Mais toi, qui mets ta gloire à braver les supplices,
Après t’être accusé nomme-nous tes complices,
Et sachons quel soutien assez ferme, assez fort,
Engageoit ton audace à résoudre ma mort.
Sous l’effort de ton bras apprends-nous qui conspire.

Sostrate.

Je vous ai dit, Seigneur, ce que j’avois à dire ;