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SOSIME entrant avec des Gardes.
Seigneur.

Sinorix.

La trahison d’un faux succès suivie
Vient d’employer ce fer pour m’arracher la vie ;
Mais j’ai tort d’accuser mon ingrat ennemi,
Il n’est dans son forfait coupable qu’à demi,
Il suit l’ordre du Ciel dont l’arrêt trop sévère
Trouve pour moi la mort une peine légère,
Et d’un lâche assassin n’arrête la fureur
Qu’afin que la menace en redouble l’horreur.
C’est peu que dans mon sang cette fureur s’éteigne,
Avant que j’y succombe il veut que je la craigne,
Et dans cette frayeur pour mieux m’envelopper,
Il retire le bras sur le point de frapper.
Sa cruelle pitié qui de mon sort décide
M’envoie un protecteur avec un parricide,
Et dans le même instant, d’un effort différent
L’un attaque ma vie, et l’autre la défend.
Voudrez-vous m’éclaircir ce coup abominable,
Madame ? Je le vois, et le trouve incroyable,
Et mon cœur qu’en confond le projet odieux,
Cherche sur tant de rage à démentir mes yeux.

camma.

Vous avez peu besoin que je vous éclaircisse,
Un autre peut ici vous rendre cet office,
Et dans l’effort douteux qui vous comble d’effroi
Le fidèle Sostrate a plus de part que moi.

Sinorix.