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Et tout ce grand éclat où l’enhardit son rang
Aspire à votre main, et non à votre sang.

Sinorix.

Mais puisqu’elle saura que j’ai fléchi la Reine,
Que ne permettra-t-elle aux transports de sa haine ?
Déjà, déjà peut-être elle en sait le secret.

phaedime.

Quoi, Sostrate, Seigneur, seroit si peu discret ?

Sinorix.

Comme j’aime Sostrate à l’égal de moi-même
Je sais bien que pour moi sa tendresse est extrême,
Qu’il donneroit cent fois tout son sang pour le mien,
Mais souvent l’amour parle, et croit ne dire rien.
Pour me tirer du trouble où ce soupçon me laisse,
Phaedime, de ce pas va trouver la Princesse,
Et par ses sentiments tâche de pressentir
Si de l’heur de ma flamme il a pu l’avertir.
Il est bien malaisé, quoi que d’abord on feigne,
Que longtemps dans sa rage un grand cœur se contraigne,
Fais agir ton adresse à lire dans le sien.

phaedime.

Je connois mon devoir et n’épargnerai rien.


Scène II


Sinorix.

Dieux, dont les lois pour nous doivent être adorables,
Est-ce ainsi que j’ai cru vous trouver exorables,
Et me réserviez-vous à la nécessité
De gémir du bonheur que j’ai tant souhaité ?
Hélas ! Fut-il jamais une infortune égale ?
Quels que soient mes désirs, l’issue en est fatale,