Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III



Scène I


Sinorix, Phaedime

phaedime.

Ce changement, Seigneur, n’offre rien qui m’étonne,
Je connois ce que peut l’éclat d’une couronne,
Et n’ai jamais douté, malgré son feint courroux,
Que la Reine en secret ne fit des vœux pour vous.

Sinorix.

Quoi qu’encore contre moi quelque intérêt combatte,
Elle m’a confirmé le rapport de Sostrate,
Tout espoir est permis à mon cœur amoureux ;
Mais il faut que le temps aide à me rendre heureux,
J’ai voulu lui céder pour montrer plus de zèle.

phaedime.

Non, non, pressez, Seigneur, vous obtiendrez tout d’elle,
Déjà son fier devoir voudroit être forcé.

Sinorix.

D’un scrupule de gloire il est embarrassé.
Après ses longs refus, un peu de bienséance
Doit l’obliger encor à quelque résistance,
C’est ce qu’à mon amour elle vient d’opposer.

phaedime.

Sur un aveu si doux vous pouvez tout oser,
Menacez, contraignez, rien ne lui peut déplaire.
Mais puis-je m’expliquer sans être téméraire ?
Tout vous rit, tout vous flatte, et cependant, Seigneur,
Je vois qu’un noir chagrin trouble votre bonheur.