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camma.

Non, non, le crime est sûr et l’injure certaine,
Sinatus, mais trop tard, connut la trahison,
Et tout prêt d’expirer m’avertit du poison.
Sur ce funeste avis cent marques évidentes
M’en donnèrent dés lors des preuves trop constantes,
Et le tyran depuis lui-même en a fait foi
À trahir la Princesse, et soupirer pour moi.
J’en sais trop, et ton zèle en vain le justifie.

Sostrate.

L’apparence souvent abuse qui s’y fie,
Et contre Sinorix c’est un foible garant
Que d’avoir seulement le soupçon d’un mourant.

camma.

Va, si l’indice est foible, ose pour sa défense
Me répondre qu’en lui j’outrage l’innocence,
Je t’en veux croire seul, mais aussi souviens-toi
Que s’il n’est point coupable, il est digne de moi.

Sostrate.

Ah, c’est pousser trop loin un effort magnanime,
Vous lui rendrez justice à le croire sans crime,
Mais…

camma.

Mais tes vœux ardents à lui sauver le jour
Languiront si je songe à payer son amour ?

Sostrate.

Madame…

camma.

Il me suffit ; puisque c’est te déplaire
Porte-lui ma réponse, et dis-lui qu’il espère,
Que mon cœur n’aime rien, et que dans peu sa foi
Peut selon ses souhaits attendre tout de moi.