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Et d’un indigne espoir votre cœur combattu
Ose trouver pour elle un crime en ma vertu ?
Suivez un mouvement qu’il vous est doux de croire,
Dans votre tyrannie enveloppez ma gloire,
Et rejetez sur moi par l’ardeur de régner
La honte du dessein qui vous fait l’éloigner ;
J’en fuirai l’infamie en prenant sa querelle,
Et quelque fière ardeur qui vous arme contre elle,
Nous verrons qui des deux en fera plus juger,
Ou vous pour la punir, ou moi pour la venger.

Sinorix.

Ce dessein de vengeance est l’effet d’un beau zèle,
Mais vous répondez-vous qu’il fasse assez pour elle,
Lorsque pour prévenir l’arrêt que vous craignez
Il ne faut qu’accepter ce que vous dédaignez ?
Pour ses seuls intérêts infidèle à vous-même,
Je vous vois rejeter l’offre du diadème,
Mon amour s’en offense, et cet éloignement
Est le moins qu’il prescrive à mon ressentiment,
Il peut aller plus loin, mais quoi qu’il exécute,
C’est un mal qu’à vous seule il faudra qu’on impute,
Et ce sera pour vous un genre de forfait
D’avoir pu l’empêcher, et ne l’avoir pas fait.

camma.

Et bien, sans respecter le sang qui la fit naître
Commence enfin, tyran, à te faire connoître,
Montre-toi tout entier, et cherche à découvrir
La lâcheté du cœur que tu m’oses offrir.
Je veux qu’à t’épouser son intérêt m’engage,
Ce cœur que tu poursuis sera-t-il ton partage
Et crois-tu qu’un aveu par contrainte arraché
L’acquière à tes souhaits si tu ne l’as touché ?
Songe qu’indépendant, et jaloux de ce titre
C’est lui seul de ses droits qu’il choisit pour arbitre,
Et que contre ses vœux, la plus pressante loi
Ne sauroit le réduire à disposer de soi.