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Nous verrons si l’exil pourra vous laisser jour
À trouver les moyens de nuire à mon amour,
L’arrêt en est donné.

hésione.

Fais donc qu’on l’exécute.
C’est par là que les Dieux ont résolu ta chute,
Sans cette indignité mon Sort seroit trahi,
Plus tu seras tyran, plus tu seras haï,
Mes sujets me plaindront, et leur haine timide
Cessera dans ta mort de croire un parricide.
Redouble tes forfaits ; loin d’en rien redouter,
Je vais faire des vœux afin de les hâter.


Scène II


Sinorix, phaedime

phaedime.

Je l’avois bien prévu, Seigneur, que la menace,
Loin d’étonner sa haine, aigriroit son audace,
Il falloit sans la voir en venir aux effets.

Sinorix.

Ah, laisse moi trembler du dessein que je fais,
Et souffre à ma vertu, que mon amour opprime,
De faire quelque effort pour m’épargner un crime,
Cet exil qu’elle presse a droit de m’effrayer,
Avant ce dur remède il faut tout essayer.
Au péril de l’orgueil qu’elle m’a fait paroître
J’ai dû lui faire voir quels maux en peuvent naître,
Va lui parler encore, et tâche d’obtenir…
Mais quel frivole espoir ose m’entretenir ?
Après tant de refus d’obéir, de se rendre,
Ai-je rien à tenter ? Ai-je rien à prétendre ?
Non, non, il faut enfin à son cœur indigné
Dérober la douceur de me voir dédaigné,