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L’injure qu’on vous fait et qu’il faut réparer,
À leur ambition n’a rien à déférer.

hésione.

Un zèle dont l’ardeur me sera toujours chère,
M’oblige à respecter la veuve de mon père,
Et je ne croirois pas y répondre assez bien
Si sur votre int2rêt je ne réglois le mien.

camma.

Donc si j’ose accepter l’offre d’une Couronne,
Ce zèle généreux soudain me l’abandonne ?
Sans vouloir rien prétendre, il m’en cède l’espoir ?

hésione.

Pour m’y résoudre au moins je voudrois le savoir.

camma.

Si ma façon d’agir vous l’a fait mal comprendre,
Par de plus grands effets il faudra vous l’apprendre,
D’un doute trop cruel votre esprit est atteint.

hésione.

Je sais que Sinorix vous accuse, et se plaint ;
Mais souvent le dehors n’est qu’une adroite feinte,
Qui résiste le plus aimé à céder contrainte,
Et cet amusement des crédules esprits
Fait subsister l’espoir au milieu des mépris.

camma.

À d’étranges soupçons le chagrin vous expose.

hésione.

Je veux bien l’avouer, Sostrate en est la cause,
Il vous voit si souvent que comme il m’ose aimer,
Vos secrets entretiens ont droit de m’alarmer.
Il croit, si le tyran vous avoit épousée
Que mon cœur lui seroit une conquête aisée,
Et c’est à quoi sans doute il tâche à vous porter ?

camma.

Il en a l’ordre au moins s’il veut l’exécuter.

hésione.

Qui l’en empêcheroit ?